Cérémonies

(petite vidéo à laisser tourner pour la musique)
Les cérémonies du peuple Puruha sont une manifestation pleine de vie jaillissant de leur propre culture et traditions. D'un point de vue occidental ayant baigné dans une tradition catholique on pourrait faire un rapprochement en disant que les cérémonies puruha sont des sortes de messes, à la différence qu'elles se déroulent en pleine nature et que les femmes y jouent un rôle aussi important que les hommes, qu'elles s'organisent selon des formes géométriques, souvent rondes, où le ceremoniante n'est pas face aux participants mais parmi ceux-ci.
Les cérémonies restent pour moi un mystère dont je n'ai pu qu'entre-apercevoir la subtilité, la profondeur et la puissance dans des rares moments de lucidité ou, sur le long terme, en ressentant l'effet de rééquilibrage et d'apaisement de celles-ci sur ma vie.
Ces rites sont réalisés par des Yachaks, hommes ou femmes, mais pas par n'importe lesquels. Certains sont spécialisés dans les cérémonies comme Lucita (voir sa biographie dans l'introduction), d'autres sont guérisseurs et mènent aussi des cérémonies comme Enrique (le mari de Lucita) ou Pomaquero. De par mon expérience, je me suis rendue compte que mener une cérémonie n'était pas donné à tout le monde. Segundo par exemple me disait qu'il pouvait tomber malade après les cérémonies qu'il faisait. De même, lors d'une cérémonie dans le Chimborazo menée par dame Mathilde qui était une guérisseuse métisse à temps partiel, celle-ci avait vomi après la cérémonie qu'elle avait initié. Une autre fois, lors d'une petite cérémonie intimiste dont le but était de préparer une limpia des bureaux de la préfecture, j'avais inconsciemment invité une jeune française, qui passait quelques jours chez moi, à venir assister à la chose... Mais dès que nous avons commencé le rituel, celle-ci est tombé dans les pommes. Elle a dit ne pas s'être senti à sa place et être comme sorti d'elle-même. Ce jour là j'ai vraiment compris ce que me répétait Lucita pour m'expliquer ce que sont les cérémonies: "on ne vient pas à une cérémonie juste par curiosité. Une cérémonie n'est ni une blague, ni un jeu. Il faut venir avec honnêteté, avec le coeur pur et une bonne intention".
Lucita le sait bien, les cérémonies n'ont l'air de rien quand on y est et qu'on n'a pas l'habitude de faire attention à la subtilité des mondes invisibles... et pourtant, lorsque l'ordre des choses n'est pas respecté, les conséquences peuvent être graves. Un jour, Lucita a voulu organiser une cérémonie avec Segundo pour la journée du travail dans un lieu qu'elle ne connaissait pas. Elle n'avait pas bien pensé cette fois là, et n'avait pas, comme à l'habitude, attendu que son mari Enrique aille sur le lieu pour "demander les clés" (demander l'autorisation des esprits pour entrer sur le lieu). Bizarrement, quelques jours avant la cérémonie, le frère de Segundo est entré en urgence à l'hôpital et Lucita est tombée très malade: elle était entièrement paralysée et ne pouvait même plus parler. Lorsque je l'ai connu elle était encore au lit et parlait difficilement. Je suis restée des heures sur son lit, à l'écouter me raconter sa vie en prenant des notes sur le sens et l'ordre des cérémonies...

Le temps et le lieu

Pour faire une cérémonie, il faut un temps et un lieu. En Equateur passe la ligne équatoriale, censée partager la terre en deux espaces, le Nord et le Sud. Le mont Catekilla, à quelques 400 mètres au Sud de la ligne officielle désignée par les explorateurs français au XVIIIe siècle, était le lieu de cérémonie des Incas et ils l'appelaient "La mitad del tiempo" (la moitié du temps). Difficile à comprendre pour nos esprits occidentaux, mais il semble que pour les puruha et autres peuples descendants des Incas, le temps et l'espace n'aient pas exactement la même définition que pour nous. D'ailleurs le concept de Pacha est à la fois temps, espace et dimension. La PachaMama est donc la dimension de la mère universelle, le temps de la mère ou le lieu de ce qui donne la vie (et non pas simplement la planète terre comme certains esprits occidentaux aimeraient à ranger dans une catégorie compréhensible ce concept andin millénaire). A méditer donc...

Le calendrier andin

L'organisation du temps andin et donc des cérémonies suit un calendrier lunaire et le cycle de la nature. Rappelons que la majorité des puruha sont des agriculteurs-éleveurs et vivent en petites communautés éparpillées dans les montagnes. Certains vivent aussi près des villes et ont des petits boulots (tenir une cabine téléphonique, vendre des DVD piratés, donner des soins dans un petit consultorio, etc.) et la plupart va de toute façon en ville (en bus, en camionnette et à pied avec des ânes) pour vendre leur production sur les marchés.

Le nouvel an Andin, le jour qui n'existait pas et l'Inty Raymi

Le calendrier andin compte 13 mois de 28 jours et donc 364 jours. En plus de ces jours il existe un jour "libre" comme une parenthèse ou un silence, le Hatun Punja (le Grand Jour): un jour hors du temps calendaire pendant lequel le monde est en gestation. Ce jour tombe lors du solstice d'été (autour du 21 Juin pour notre calendrier) et marque l'arrivée du nouvel an andin. A cette époque, les peuples de langue Quechua célèbrent le Taita Inty (le Père Soleil), rejoints par des peuples venant de toute l'Amérique, du Nord avec des indiens des plaines, du centre avec des Mexicains et Mayas, mais aussi du Sud avec des Kogis de Colombie ou des représentants des peuples de Bolivie et du Chili, et même des Européens, des Russes et des Polonais se déplacent pour venir participer à des cérémonies d'envergure internationale.
Préparation du troisième lieu rituel pour l'Inty Raymi 2010 au Pucara Tambo (Equateur, province du Chimborazo)
Pour la grande fête de l'Inty Raymi (Inty: Soleil; Raymi: fête), les peuples Quichua célèbrent le Soleil qui est l'aspect masculin de la Vie: amenant sa lumière et sa chaleur, il permet à la vie de grandir et fleurir sur Terre. 
Les ceremoniantes préparent trois cérémonies dans trois lieux différents afin de les activer, les harmoniser et préparer la troisième cérémonie qui est le point fort de ce temps festif de l'année. La première cérémonie se déroule dans un lieu féminin car tout commence avec la femme, c'est elle qui donne la vie. C'est une cérémonie liée à la gestation, au mystère de la conception de la vie. La cérémonie se déroule au petit matin, avant que n'apparaissent les premiers rayons du Soleil. Dans ce lieu on va offrir des fruits et légumes masculins, ceux qui poussent hors de la terre, et s'élèvent droit vers le ciel. La deuxième cérémonie se déroule dans un lieu masculin, en plein jour, au zénith du soleil et en complémentarité avec les énergies de la première cérémonie. Ici on offre des fruits et légumes féminins, ceux qui poussent sous terre. 
La troisième cérémonie se déroule le jour qui n'existe pas, le Hatun Punja. En 2010, la journée a commencé avant que ne se lève le jour, vers 3 heures du matin: les participants courageux ont suivi le yachak menant la cérémonie, Pomaquero, aidé des ceremoniantes vers une source d'eau sacrée. En chemin, dans le noir, la troupe faisait des haltes régulière pendant lesquels les yachaks émettaient certains sons et jouaient d'un instrument... pour ouvrir les portes et prévenir les esprits de notre arrivée. Arrivés au lieu de la source, les participants ont été ortigado (on les tapote doucement avec des jeunes orties) avant d'être lavés avec l'eau.
Vers les 6 heures, le Soleil s'apprête à sortir et les chanceux qui ont suivi le Yachak menant la cérémonie se retrouvèrent alors à un croisement de chemins, lequel est une représentation symbolique de la Chakana (sorte de croix andine, portail entre les mondes). C'est ici qu'ils ont attendu la sortie du taita Inti pour le saluer, le remercier et recevoir son énergie des quatres côtés du corps (on a réalisé une chakana symbolique en présentant les quatres faces de notre corps à la lumière du Soleil en tournant vers la droite). Ecrit comme cela tout à l'air bien prévu. Mais lorsqu'on est dans l'instant, il semble que le Yachaks est dans un autre monde, il n'écoute pas trop si on lui parle, il semble ailleurs, attentif au moindre bruissement de feuille... et la troupe arrive comme par magie, en le suivant, au bon moment, au bon endroit et fait des choses apparemment simples et anodines qui prennent un sens tout à fait profond dans ce contexte particulier. Les participants sont alors remontés vers le lieu de cérémonie où allait se mettre en place un espace sacré pendant toute la matinée (installation des cercles, offrandes, portes, etc.) afin que la cérémonie commence à temps pour que le moment fort de celle-ci se déroule lors du zénith du Soleil.

Le reste de l'année andine

après le temps-espace de l'Inty Raymi l'année se déroule et est marquée par des temps de cérémonies importantes à peu près chaque mois (en fonction des lunaisons).
- En Septembre-Octobre s'organisent les festivités du Kolla Raymi où les puruha célèbrent les graines, les femmes, les filles, les mères et les grands-mères. C'est le temps des semences.
- En Novembre c'est le Huakcha Karay où les puruhas célèbrent les morts et les ancêtres. Pour cela ils préparent à manger et vont au cimetière partager ce repas avec le ou les morts qu'ils visitent. Souvent ils cuisinent le plat préféré du mort. Ils fabriquent aussi des Huahuas de pan (bonhommes de pain) qu'ils amènent sur la tombe. L'histoire dit qu'avant l'arrivée des colons, les communautés déterraient les morts pour manger avec eux, mais les colons ont trouvé cette pratique barbare et l'ont interdite; depuis lors, ils fabriquent des bonhommes de pain pour représenter le corps du mort. 
- En Décembre se déroulent les cérémonies du Kapak Raymi. Ce sont des rituels très importants où se transmettent les pouvoirs pour gérer la communauté. C'est aussi un temps de célébration à la fois des anciens et des enfants. C'est une fête de la transmission où l'on fait des bains de vapeur collectifs pour se purifier en comunauté. Cela dure du 24-25 décembre jusqu'au 15 Janvier environ.
- En Janvier c'est le Kamay Raymi: des petits rituels sont organisés un peu partout pour vénérer les plantes et les grains arrivant à maturité afin de les protéger.
- En Février c'est le Pauka Raymi où les Puruhas reçoivent la bénédiction appelée le Tumay Punllay dans ce temps de croissance et de multiplication. Ces festivitées se mélangent aussi aux célébrations du carnaval en l'honneur de San Antonio de Padua.
- En Mars c'est le Mushuk Nina, un autre temps important du calendrier andin qui est aussi considéré comme une sorte de nouvel an. De nombreuses cérémonies de florecimiento sont organisées pour remercier la terre, célébrer la floraison et la croissance des plantes.
- En Avril se réalise le Ayriwa qui est une sorte de célébration hybride empruntant beaucoup à la semaine saint catholique. C'est un temps d'introspection et de méditation.
- En Mai sont organisé des cérémonies de remerciement à la Pacha Mama. C'est le temps des premières récoltes. Les cérémonies sont pleines de fleurs et de fruit et se réalisent dans un cercle rond comme le ventre de la mère universelle. On célèbre aussi la Croix du Sud, appelée la Chakana par les Andins. C'est un groupe d'étoile dont la croix indique toujours le Sud (de même que nous avons une étoile pour indiquer le Nord dans notre hémisphère) et qui est un symbole de passage entre les mondes.
Une mère "fumigue" son enfant lors d'une cérémonie de remerciement à la Pacha Mama
Le reste du temps, d'autres cérémonies sont organisées pour des buts spécifiques. Par exemple avant un temps important de semence et de récolte, on demandera au Yachak d'organiser une cérémonie avec les gens de la communauté afin de donner la bonne énergie aux semences et de remercier la terre pour son abondance. J'ai aussi assisté à des cérémonies "privées" réalisées dans un cadre restreint d'amis, de collègues ou d'une famille. Par exemple une famille dont la jeune fille allait partir à Cuba pour apprendre la danse pendant plusieurs années avait demandé à un taita de venir donner une cérémonie afin de lui donner de bonnes énergies pour son voyage. Une autre fois, un curandero avait eu un grave accident et était tombé malade alors ses amis yachaks avaient organisé une cérémonie en son honneur afin d'attirer les bonnes énergies de guérison et de les lui transmettre. Lorsqu'un couple désire se marier, il fait aussi appelle au Yachak pour organiser une cérémonie du feu visant à lier leur amour devant les esprits. Lorsqu'un enfant nait, c'est une autre cérémonie du feu qui est organisée pour aider l'esprit à s'incarner et donner un nom à l'enfant. D'une manière générale, ce sont toutes les étapes et passages de la vie (naissance, passage à l'âge adulte, mariage, semences, récoltes, nomination pour un travail, décès, etc.) qui sont accompagnés de moments rituels et symboliques dont les gestes sont murmurés depuis des lustres par la tradition et qui aident encore aujourd'hui les individus à intégrer l'aspect mystérieux des différentes espaces-temps de leur vie.

Tempo et rythmes de cérémonie

En lisant les lignes précédentes, tu as peut-être commencé à intégrer cette histoire de temps-espace. Tu as peut être remarqué que les cérémonies en lien avec la féminité se font la nuit ou au petit matin alors que celles célébrant le masculin se font en plein jour, à la lumière du soleil...
Il faudrait aussi rajouter que certains jours du mois sont plus favorables aux cérémonies: ceux du début et ceux de la fin (début et fin de cycles lunaires). De même, dans une même journée, les espaces-temps entre-deux sont plus favorables à la communication avec le monde du divin et des esprits: l'aube, la mi-journée, le crépuscule et le milieu de la nuit.
Au petit matin, la cérémonie de purification va commencer
D'une autre façon, pour la mise en place du lieu sacré et l'ouverture des portes, il y a un certain rythme à respecter et une façon, ou plutôt un sens, de circulation. Par exemple, les portes sont ouvertes toutes les 7, 14, 21 et 33 minutes ou à chaque fois que passe un oiseau. Les gardiens et le Yachak officiant doivent donc se tenir près et oeuvrer de concert pour ouvrir l'espace en lui donnant des portes par lesquelles pourront entrer les esprits et énergies des directions-temps invités. 
Le Yachak parle avec le feu au travers de la fumée de son cigare
Vu de l'extérieur, ce moment n'a l'air de rien: le yachak et les gardiens se tournent vers une direction, tendent les bras et prononcent quelques mots ou un chant en Kichwa. Si on se tait, on peut entendre peut être une légère brise se lever et sentir une odeur un peu particulière passer. Une fois, j'avais bu l'Ayahuasca la nuit d'avant et au petit matin, en pleine cérémonie j'avais les yeux grand ouverts, c'est à dire que je pouvais voir certaines énergies. Je voyais par exemple une sorte de tube fluide aux couleurs transparentes arc-en-ciel sortir de la poitrine du Yachak et se diriger vers une gardienne à l'autre bout du cercle juste avant qu'il ne se mette à parler à cette même personne, comme si l'intention précédait l'action, et cela pouvait se voir en énergie. Lorsque le Yachak a pris son gros cigare de tabac, roulé dans une feuille de maïs séchée, pour appeler les esprits de la terre en envoyant des volutes de fumée épaisse dans l'air matinal, j'ai vu entrer, par la porte de l'est, une bonne dizaine de choses, comme des vers transparents, avançant sous terre dans une ondulation fluide et organique. Puis j'ai regardé alentour et ai distingué une grande toile, de cette même lumière transparente arc-en-ciel, posée comme un dôme au dessus de nous, suivant le cercle tracé au sol et délimitant l'espace de la cérémonie. Ce que je n'avais jusque-là que vaguement ressenti devenait une réalité tangible et visible. Une fois de plus, je comprenais avec humilité que mes yeux ne m'avaient pas tout montré et que les cérémonies n'étaient pas juste des mouvements théâtraux réalisés dans les airs au milieu de fruits ou pétales de fleurs organisés géométriquement au sol pour faire joli et se donner une sensation d'importance du moment.
Au petit matin, les femmes chantant le Jahuay apparaissent de la brume, montant vers le lieu de cérémonie les bras pleins de nourritures

Lieu, espace et dimension de cérémonie: las huacas

Un autre aspect des cérémonies qui m'a fasciné est celle du lieu.
Certaines cérémonies peuvent se dérouler dans le jardin de la maison dont la famille a demandé au Yachak d'officier chez elle ou dans les bureaux de la préfecture pour y ramener l'harmonie. Mais toutes les cérémonies importantes, engageant un certain nombre de personnes (un cadre plus public et ouvert), se déroulent dans des Huacas, autrement dit dans des lieux sacrés.
Il existe de nombreux lieux sacrés, petits et grands. Certains visités seulement par une famille ou par une communauté, d'autres ont une notoriété plus grande comme le Chimborazo qui attire des "pélerins" de tout le pays, voir même de plus loin, derrière les frontières, derrière la jungle, parfois même derrière l'océan (j'expliquais souvent aux gens des campagnes que je venais d'un village derrière la jungle de l'oriente, derrière l'océan... et ils me répondaient: "Uuuuh! Usted ha venido de bastante lejos!" = vous êtes venu de bien loin!). Il existe aussi des huacas mystérieuses, connues seul des chamanes, presque comme des mythes, loins dans la jungle, auxquelles on ne peut accéder qu'en se changeant en animal pour assister à des cérémonies avec de grands maîtres Yachaks. Segundo m'avait parlé d'une huaca particulière, un lac au coeur des montagnes, qu'on ne pouvait atteindre qu'après quelques jours de marche à dos de mule. Une fois arrivés là-bas, les samaicunas, les esprits du lieu, te tiraient une fléchette dans la poitrine et c'était là tout le but de la croisade: ces fléchettes reçues par l'apprenti(e) devaient lui conférer du pouvoir. Si les le sang sortant alors de la poitrine était rouge, les esprits donnaient un pouvoir pour guérir et amener l'harmonie. Si le sang était noir, les esprits donnaient du pouvoir pour détruire et maudire. Parfois, il arrivait que les fléchettes tuent l'apprenti en quête de pouvoir qui les visitait. Cela signifiait que les esprits ne l'avaient pas jugé digne de recevoir un quelconque pouvoir. Segundo m'a invité à aller visiter ce lac. Je n'y suis toujours pas allé, peut-être qu'un jour j'aurai l'occasion et le courage d'aller visiter cette roulette russe des lieux perdus d'Equateur... Il y a aussi des huacas dans les huacas. Elles sont souvent à l'intérieur des montagnes. Les chamans qui savent s'endormir sur les flancs des montagnes pour s'envoler dans le ciel noir et entrer à l'intérieur des  colosses racontent qu'on y trouve des mondes emplis d'or et de bijoux, merveilles dont il ne faut rien saisir, comme la caverne d'Alladin, au risque de rester prisonnier éternellement, parmi les milliers d'esprits déjà errants dans les entrailles de la montagne, parce qu'ils ont préféré succomber à l'illusion de posséder toutes ces richesses... On raconte qu'il y a de nombreuses épreuves à passer, des animaux et peurs à affronter et on ne sait pas vraiment ce qu'en ramenèrent les yachaks qui ont su entrer et sortir de ce mythe. La seule réponse est qu'il faut y aller soi-même pour savoir. Chaque huaca a sa spécialité. Il y a des huacas pour se baigner et se purifier, des huacas pour se charger d'énergies féminines, d'autres pour l'énergie masculine, des huacas pour entendre à des heures précises des musiques sacrées jouées par des bandes d'esprits subtiles, il y a des huacas pour bénir, d'autres idéales pour maudire, certaines sont redoutées, ce sont des huacas noires où vont les sorciers jeter leurs maléfices depuis ces autels sombres. Une base commune semble être la présence en concentré de sinchi, énergie vitale primaire. Ensuite, en plus de cette concentration de sinchi, certaines huacas possèdent des énergies et esprits particuliers, les samaicunas, et qui confèrent sa spécialité à la huaca.
La plupart des huacas sont nées sacrées. Ce n'est que plus tard que l'Humain les a vu et a reconnu le sacré en ces lieux. Mais certaines huacas sont nées de l'être humain. On raconte par exemple que certains lieux de la jungle appartiennent au taita Kumandi (le grand Yachak du temps d'Atahualpa) car il aurait fait quelque chose ici et le lieu en serait devenu magique. Certains lieux ont été consacrés par des yachaks puissants et sont ainsi devenus des lieux de pèlerinage pour les autres yachaks qui viennent ici chercher pouvoir et visions. En général, les huacas sont laissées comme tel, rien n'est construit dessus, parfois quelques symboles cachés sont gravés sur des pierres, mais en général l'oeil non aguerri passant par là ne les remarquerait même pas. Rien à voir avec la cathédrale de Notre Dame donc. Cependant, certaines huacas particulières, se trouvant sur des lieux de connexion et de communication avec des lignes de cheminement entre lieux sacrés, sont aménagées en tambo afin d'être visibles par les pèlerins et de pouvoir les accueillir pour manger et dormir.
idem, d'un autre point de vue
Le Pucara Tambo, près de Riobamba

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour laisser vos commentaires, idées, questions, suggestions, réflexions ... c'est ici !